Rebecca BOWRING

Expérimentale par essence, la photographie est un terrain de jeu sans limite. Rebecca Bowring en a fait son espace de création unique et lumineux, un véritable lieu d’expertise et de pensée. En marge de ses mandats professionnels, pour lesquels elle met à profit ses fines connaissances techniques comme son aisance sociale, la genevoise d’adoption défend une approche engagée et réflexive de la photographie. En particulier, le travail de Rebecca Bowring questionne un important paradoxe de la société numérique, qui confère à l’image une place aussi colossale qu’éphémère. C’est ainsi qu’il faut l’embrasser, dit-elle, comme un médium durable mais fragile, à l’intersection de nos existences singulières et collectives.
Dans son univers, la photographie est un rapport à la lumière et au temps qui passe, un rapport à soi et aux autres, aussi bien qu’un geste social ou esthétique chargé de significations. En jouant sur les supports et leur durabilité, en retravaillant des clichés oubliés ou en revisitant des genres éculés comme le portrait de famille, Rebecca Bowring interroge notre rapport au temps et la matérialité des images – et des empreintes – que nous laissons derrière nous. Archivant des bouts de vie quotidienne, des visages ou des luttes, c’est à un véritable effort de mémoire collective auquel se livre l’artiste, transmettant au passage une réflexion métaphotographique engagée sur la mise en scène de nos identités. Ce principe guide sans l’enfermer l’ensemble des travaux de Rebecca Bowring, qu’il s’agisse de commandes ou de sa pratique artistique.