Ronan GUILLOU

Biography

La photographie d’expériences définit le sens que je donne à mes travaux. Expériences avec les humains et les lieux, la nature, les formes et les couleurs. La formule légitime une démarche que je souhaite libre, sensorielle, croisant errance de la pensée et étude documentaire. Me refusant à un angle thématique trop fermé, je laisse la digression et la curiosité faire naturellement autorité dans mes itinéraires photographiques. 

Aimanté par les espaces et l’iconographie de l’Amérique, intrigué par la fascination et le ressentiment qu’elle suscite depuis l’ère post-coloniale, je tisse un lien avec son territoire et ses habitants depuis près de vingt années. Comme pour beaucoup, le cinéma m’inspirait d’abord. Se rendre en Amérique, c’était se projeter en personnage de fiction. Depuis, mu par l’étincelle aventurière qui m’anime toujours, je m’éclaire à chacun des voyages sur les réalités de cette nation complexe qui sait se rendre attachante.

Le courant des New Topographics inspire mes projets quand ils questionnent les équilibres entre civilisation et nature. Plus largement, l’odyssée américaine s’intéresse à la fragilité des êtres, aux marges sociales et géographiques, à la déliquescence du monde matériel ainsi qu’aux passages du temps sur le jeune pays. Portée par la lenteur photographique du présent, le récit se nourrit d’explorations et de temps partagé avec les personnages rencontrés, eux-mêmes partition de ma propre histoire. Photographier, c’est chercher la preuve de son existence, fait dire Wim Wenders à Philipp Winter dans son film Alice dans les villes. Enfin, j’aime déceler la discrète surréalité qui émane de l’ordinaire. 

Deux projets explorent les États d’Alaska (La mort aussi bruyante que la vie) et d’Hawaï (Paradis), peu représentés dans la tradition documentaire américaine. Récemment la bourse pour la photographie documentaire contemporaine du Cnap a soutenu Las Vegas Topographics, observation de l’état du désert aux limites de l’agglomération de Las Vegas.

L’ensemble des sujets réalisés aux États-Unis compose la fresque American narratives. Deux livres ont été publiés, Angel et Country Limit, ainsi que le catalogue de l’exposition Truth or Consequences.

Paris Dérive a une vie irrégulière, elle s’espace dans le temps. Lawa Liba cherche l’âme de la vallée du Maroni, le fleuve qui sépare et unit la Guyane et le Suriname, et Temps raconte six jours passés, à la fin du confinement, dans les Monts d’Arrée en Finistère, puis sur les côtes d’Armor. Civis Maritimus est un projet méditerranéen à son commencement.